C’est une opinion assez généralement reçue parmi les gens de lettres, que la prose de M. de La Harpe est infiniment supérieure à ses vers, c’est-à-dire, qu’elle offre au premier coup d’œil des disparates moins frappantes peut-être, et que sa médiocrité est plus constamment soutenue. […] Reportons-nous un moment à l’époque où l’auteur d’Atala s’annonça avec tant d’éclat dans la carrière des lettres ; rappelons-nous le triste et long silence des muses françaises, et nous concevrons, nous excuserons même l’enthousiasme avec lequel fut accueillie la première production de M. de Chateaubriand. […] Le succès de son ouvrage eût alors été incontestable, et les gens de lettres eussent applaudi au talent, comme les personnes religieuses aux intentions de l’auteur. […] Mais ce genre excita lui-même de nombreuses et vives contestations parmi les gens de lettres ; nous ne les réveillerons point ici : un seul mot d’ailleurs décide la question.