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39. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Mais, dans un style dont l’étrange incorrection tourne souvent au profit de la pensée, Saint-Simon dépeint les personnages qu’il met en scène avec une netteté et une profondeur qui le rendent égal et peut-être supérieur à celui que Racine appelait « le plus grand peintre de l’antiquité », à l’historien latin Tacite. […] Monsieur voulait que son fils apprît le latin, madame ne le voulait pas. […] Le maître de la maison commença par lui dire : « Monsieur, comme vous savez le latin et que vous êtes un homme de la cour… — Moi, monsieur, du latin ! […] Voyez toutes nos dames, elles ont l’esprit plus agréable que les hommes ; leurs lettres sont écrites avec cent fois plus de grâce ; elles n’ont sur nous cette supériorité que parce qu’elles ne savent pas le latin… » Madame fut entièrement de cet avis. […] Quand son père le vit si éloquent, il regretta vivement de ne lui avoir pas fait apprendre le latin, car il lui aurait acheté une grande charge dans la robe1126.

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