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101. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Mais échauffer, entraîner le juge, faire naître en lui tels sentimens que l’on veut, le forcer par le discours à verser des larmes et à entrer en indignation, voilà ce qui est extrêment rare. […] Quintilien joint à ces observations l’exemple des comédiens qui ont à représenter non pas des objets réels, mais des sujets feints, et qui, néanmoins, s’attendrissent jusqu’à verser des larmes, et s’échauffent jusqu’au point que leurs yeux étincellent de colère. […] Je puis assurer qu’on m’a vu souvent non-seulement répandre des larmes, mais changer de visage, pâlir, et ressentir une douleur qui avait le caractère de la véritable. » (Loc. cit.) […] C’est par de magiques tableaux où tout respire, qu’on peut tour à tour arracher des larmes, faire frémir de colère, ou glacer de terreur. […] Lorsqu’il l’aura ébranlé, que le murmure de l’indignation se fera entendre, que les larmes de la compassion commenceront à couler, c’est à l’orateur à paraître le plus ému de ceux qu’il vient d’irriter ou d’attendrir.

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