Tout le reste n’est qu’accessoire et joue dans les conflits oratoires le rôle des troupes légères dans les batailles : elles préparent la victoire ou l’achèvent, mais c’est le corps d’armée qui la décide. […] Le vrai style oratoire est celui qui marque toutes les ondulations du discours, comme une étoffe légère dessine les formes du corps. […] Et cela, juges, la veille des comices, quand il disputait à son rival la première charge de l’État, dans ce moment critique (car vous savez, juges, combien un candidat est timide et inquiet, et pat quelles angoisses nous fait passer la poursuite du consulat), dans ce moment, dis-je, où tout nous effraye, non-seulement le blâme hautement manifesté, mais le murmure secret de l’improbation, dans ce moment où bruits fâcheux, contes mensongers, si vagues, si légers, si imperceptibles qu’ils soient, nous donnent le frisson, où nous étudions avec anxiété jusqu’aux physionomies, jusqu’aux regards de la foule ! […] Il y a des défauts qu’un patient exercice peut corriger, comme la volubilité du débit, le grasseyement, une haleine courte, un bégayement léger. […] Avez-vous lu dans Beaumarchais le tableau de la calomnie : « D’abord un bruit léger, rasant le sol comme l’hirondelle, etc. » — C’est l’image du débit oratoire.