D’ailleurs, rien n’est plus injuste que le discrédit où les esprits légers ont jeté les lieux communs : c’est une banalité, disent-ils, à propos de tout fait élémentaire, de toute vérité générale ; c’est un principe rebattu. […] Le style périodique a plus de noblesse, plus d’harmonie que le style coupé ; celui-ci est plus léger, plus vif, plus brillant. […] Cependant on peut dire en général que les sujets nobles et sérieux exigent le style périodique, les sujets agréables et légers, le style coupé ; mais il ne faut pas croire que le style coupé soit par lui-même impropre au genre sérieux : ce style exprime parfaitement la vivacité de la passion ; il convient aussi à l’histoire, et il est indispensable dans les résumés. […] Que je voudrais bien tenir un de ces puissants d’un jour si légers sur le mal qu’ils ordonnent, Beaumarchais. […] Une comparaison aussi frappante peut être empruntée à la statuaire : le langage sans figures, c’est la statue droite, sans geste et sans inflexion ; le langage figuré, c’est la statue animée du mouvement que lui imprime l’artiste : au lieu du Sésostris égyptien, les jambes roides et les bras collés au corps, c’est l’Apollon du Belvédère, le bras étendu, emporté par une marche légère, et dans, l’élan rapide du triomphe.