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60. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

En effet, comme on ne peut réfuter les preuves contraires sans établir celles qui sont favorables, ni établir celles-ci sans réfuter les autres, ou, ce qui revient au même, comme on est forcé d’attaquer ]en se défendant et de se défendre en attaquant, ne s’ensuit-il pas que ces deux parties sont liées si étroitement l’une à l’autre que, si on a pu les séparer dans la théorie, il est impossible de le faire dans la pratique ? […] Qu’il expose ses preuves dans l’ordre le plus logique et le plus serré, en appuyant chaque raison principale de preuves secondaires ; qu’il unisse ses arguments par des transitions naturelles, fortes soudures qui ne laissent pas la moindre prise à la contradiction ; qu’il concentre toutes ses preuves dans la péroraison ; qu’il s’oublie surtout pour ne laisser parler que sa cause : chaque développement, dans une œuvre ainsi conçue, répandra sur l’ensemble une lumière nouvelle et ajoutera à l’évidence ; les raisons, poussées l’une par l’autre, comme le flot par le flot, entreront de gré ou de force dans l’intelligence des auditeurs : l’esprit ébranlé entraînera le cœur à son tour, le triomphe de l’éloquence sera complet. […] Les recueils de ces arguments ou lieux communs sont curieux et bons à consulter ; mais je me contenterai de vous y renvoyer, et cela, pour deux raisons : l’une, qu’il n’y a pas de dénombrement si vaste qui contienne toutes les preuves applicables aux différents genres de causes qu’amènent les conflits des intérêts humains ; l’autre, que dans toute affaire les questions particulières peuvent se ramener à une proposition générale, que le bon sens et la réflexion trouvent aisément, sans le secours des lieux communs. […] C’est une série d’arguments rattachés ensemble par le lien de la proposition maîtresse et qui s’appuient l’une sur l’autre en se succédant.

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