Historien, il a laissé deux monuments : Charles XII, récit achevé qui allie l’art de conter simplement à la sûreté d’une critique consciencieuse ; et le Siècle de Louis XIV, qui nous montre l’ami des arts, du luxe et de la civilisation, l’admirateur d’un souverain dont la gloire était contestée par ses contemporains, l’écrivain inimitable qui aurait produit un chef-d’œuvre, si le plan de son livre n’était défectueux, et si l’on ne surprenait pas dans quelques-uns de ses jugements la partialité d’un scepticisme frondeur. […] Il eut plus d’une fois des accents émus comme celui qui inspire ce cri généreux : « Quelle horreur qu’un jugement secret, une condamnation sans motifs ! […] Nous donner sans cesse leur jugement pour loi n’est pas le moyen de former le nôtre. » 2. […] Les hommes ne méritent certainement pas qu’on se livre à leur jugement, et qu’on fasse dépendre son bonheur de leur manière de penser.