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54. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Je regarde ma montre : je dis à l’un : Vous vous ennuyez ; et à l’autre : Le temps ne vous dure guère ; car il y a une heure et demie : et je me moque de ceux qui disent que le temps me dure à moi, et que j’en juge par fantaisie ; ils ne savent pas que je juge par ma montre. […] Cicéron nous représente un orateur qui se jette sur la Partie qu’il défend, et qui déchire ses habits pour montrer aux juges les plaies qu’elle avait reçues au service de la république. […] Il ne juge du prix des choses que par les passions des hommes : mais non-seulement ses preuves sont faibles : de plus, son style est tout fardé et amolli. […] L’envie naturelle de captiver ses juges et ses maîtres, le recueillement de l’âme profondément frappée, qui se prépare à déployer les sentiments qui la pressent, sont les premiers maîtres de l’art. […] Les juges, les chanoines, l’évêque, le subdélégué, l’élu, le receveur du grenier à sel, le citoyen aisé, personne n’a de livre, personne n’a l’esprit cultivé ; on n’est pas plus avancé qu’au XIIè siècle.

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