Et pour que, rien n’y manque, le poète invente encore une Ériphile, dont la jalousie jette sa note criarde dans leur duo d’amour. — Libre aux moqueurs de railler Racine d’avoir fait à la galanterie de son temps de trop grandes concessions ; mais, pour nous, n’oublions pas que ces concessions étaient obligées, et qu’une tragédie sans amour était, à cette époque, difficilement acceptée sur le théâtre. — On voit donc que les reproches adressés à Racine par les fanatiques d’Euripide, ne sont pas plus fondés que ceux dont ce dernier était l’objet : Racine ne pouvait transporter sur notre scène, au risque d’étonner ou de choquer les spectateurs, les mœurs rudes et naïves de l’antiquité, et il a dû prêter en partie à ses personnages la dignité et la délicatesse des hommes de son temps.