/ 292
89. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

À ces diverses pensées se mêlait une voix intérieure qui me répétait ce qu’on a cent fois écrit sur la vanité des choses humaines. […] La grandeur, l’étonnante mélancolie de ce tableau, ne sauraient s’exprimer dans les langues humaines ; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée. […] « Alors même que par une faveur singulière nous avons accompli ou possédé une partie de ce qui excitait nos désirs, quelle âme humaine n’a en elle-même au bout d’un certain temps assez d’illusions détruites, assez de déceptions accumulées, assez de ruines intérieures pour qu’au moindre souvenir qui les agite il ne s’en échappe, comme une noire vapeur, un nuage épais de tristesse ? […] Les scènes humaines jetées dans un coin n’ont d’autre objet que de relever et de faire paraître davantage les scènes de la nature par l’harmonie ou par le contraste.

/ 292