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88. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

Par exemple, Boileau, dans le dernier chant de son Art poétique, interrompt la série de préceptes qui constitue l’art qu’il enseigne, pour introduire le tableau des bienfaits de la poésie, qu’il raconte en ces termes : Avant que la raison, s’expliquant par la voix, Eût instruit les humains, eût enseigné des lois, Tous les hommes suivaient la grossière nature ; Dispersés dans les bois, couraient à la pâture ; La force tenait lieu de droit et d’équité ; Le meurtre s’exerçait avec impunité. Mais du discours, enfin, l’harmonieuse adresse De ces sauvages mœurs adoucit la rudesse, Rassembla les humains dans les forêts épars ; Enferma les cités de murs et de remparts ; De l’aspect du supplice effraya l’insolence, Et sous l’appui des lois mit la faible innocence. […] Elle sera intéressante par sa grandeur même ou l’importance qu’elle paraît avoir pour une nation ou pour le genre humain. […] Tantôt ce sont des dieux, des maîtres souverains, des arbitres qui règlent entre eux et despotiquement le sort des hommes ; tantôt ils se mêlent aux actions humaines, comme hommes eux-mêmes ou en prenant un visage humain ; tantôt ils opèrent seulement par des songes, des visions nocturnes, etc.

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