Qu’on ne me parle point là-dessus du poinct d’honneur, je ne sçai que6 c’est ; il y en a qui se vantent d’estre descenduz de ces vieux chevaliers François qui chasserent les Sarrazins d’Espagne et remirent le Roy Pierre en son Royaume7 : les autres se disent estre de la race de ceux qui allerent conquerir la terre saincte avec Sainct Loys : les autres de ceux qui ont remis les Papes en leur Siege par plusieurs fois, ou qui ont chassé les Anglois de France et les Bourguignons de la Picardie ; ou qui ont passé les monts, aux conquestes de Naples et de Milan, que le roy d’Espagne a usurpé sur nous. […] Je n’ay point leu les livres, ny les histoires, et annales de France, et n’ay que faire de sçavoir s’il est vray qu’il y ait eu des Paladins et Chevaliers de la Table ronde qui ne faisoyent profession que d’honneur et de deffendre leur Roy et leur pays, et fussent plustost morts que de recevoir un reproche, ou souffrir qu’on eust faict tort à quelqu’un. J’ay ouy conter à ma grand mere, en portant vendre son beurre au marché, qu’il y a eu autrefois un Gaston de Foix, un Comte de Dunois, un La Hire, un Poton1, un capitaine Bayart, et autres, qui avoyent faict rage pour ce poinct d’honneur, et pour acquerir gloire aux François.