L’Enfant L’homme enfant, jeté par le ciel sur la terre, s’y montre d’abord nu, faible, sans défense, sans intelligence ; son premier cri est un gémissement, son premier accent est une plainte, sa première sensation est une douleur. […] Son geste d’abord, sa voix ensuite, indique ses besoins, ses désirs ; peu à peu il imite ce qu’il entend, il articule, enfin la parole s’échappe de ses lèvres ; cette parole, mère des talents, des arts, des sciences, cette parole qui lie tous les hommes entre eux, et qui commande à la nature, en donnant des ailes à la pensée. […] Les constructions longues et traînantes embarrassent aussi la marche de la phrase ; il faut savoir n’être ni trop long, ni trop court ; l’homme de goût doit savoir quelle est la juste longueur qu’il doit donner à ses phrases, et tout sacrifier à la clarté. […] La langue que parlaient ces grands hommes se distinguait des autres idiomes de la Grèce par une concision si grande qu’elle était nommée laconisme : Cette manière de parler était remarquable tout à la fois par la brièveté jointe à l’énergie qui s’accordaient parfaitement avec le goût des Spartiates. […] Qu’elle était touchante la prière de ces hommes qui, sur une planche fragile au milieu de l’Océan, contemplaient un soleil couchant sur les flots !