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22. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VII. Fontenelle. »

On connaît le parallèle de Pierre Ier et du roi de Suède, par Voltaire ; on sait que c’est un des morceaux brillants de l’histoire de Charles XII. […] Des Moscovites qui n’avaient encore qu’une légère teinture de discipline, nulle ancienne habitude de valeur, nulle réputation qu’ils craignissent de perdre, et qui leur enflât le courage, allaient trouver des Suédois exactement disciplinés depuis longtemps, accoutumés à combattre sous une longue suite de rois guerriers, leurs généraux animés par le seul souvenir de leur histoire. […] Il n’y a là, comme on voit, ni antithèses, ni jeux de mots, ni prétention quelconque à la finesse ou à l’esprit ; c’est la simplicité noble du style de l’histoire, et l’imposante gravité qui lui convient. […] Ce dernier jugement a besoin de restriction : sans doute, dans toute autre circonstance, un pareil morceau pourrait être déplacé, et dégraderait peut-être la majesté de l’histoire ; mais a-t-on fait attention qu’entraîné par la marche des événements, l’historien met réellement ici ses héros en présence, et que plus il les rapproche, plus les traits qui leur sont communs ou différents, doivent se rapprocher aussi de l’œil du spectateur. Puisque l’histoire est et doit être un tableau, l’historien doit donc observer les règles de la perspective ; et c’est ce qu’a fait Voltaire.

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