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62. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Étude littéraire et philologique sur la langue du XVIe siècle » pp. -

Cette contagion fut propagée par deux puissances, les courtisans et les femmes, qui rivalisèrent de faveur complaisante pour ces grâces artificielles dont les coquetteries fardées risquèrent de ravir à nos mœurs comme au gentil parler de Villon et de Marot sa verte et naïve franchise. […] Outre que cette langue, suspecte d’hérésie, avait alors l’attrait du fruit défendu, un esprit si curieux et si ouvert devait préférer le génie athénien, ses variétés, ses audaces, sa souple désinvolture, sa netteté scientifique, ses grâces ou son enjouement, à l’austérité du latin, cet instrument de la discipline et de la tradition. […] Avouons que ce tour avait de la grâce, et donnait au style une allure dégagée ; il convenait singulièrement à la prestesse de la poésie légère, et nous avons été mal avisés de nous en défaire. — On aimait tant ce procédé rapide qu’il était de mise pour les sujets, je, tu, il, elle, nous, vous ; on les écartait souvent comme superflus ou importuns. […] Mais nous eussions demandé grâce pour beaucoup d’innocents massacrés par les Hérodes de notre vocabulaire. […] Ils ont énergie, grâce, précision, esprit et malice Ce sont des Gaulois de race, chez lesquels une franchise toute rustique n’exclut pas la finesse.

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