Au milieu d’un peuple à la fois législateur et juge, devant qui l’on plaidait, non-seulement pour la fortune et la vie du citoyen, mais pour l’utilité, la gloire et le salut de la république ; dans un État où chacun aspirait à dominer par la parole, que des hommes, sans cesse en guerre dans la lice de l’éloquence, pour leurs amis ou pour eux-mêmes, et qui venaient y décider, comme des gladiateurs, de leur perte ou de leur salut, aient attaché à ce grand art tout l’intérêt de leur sûreté, de leur fortune et de leur gloire, rien de plus naturel : mais quel serait pour nous le fruit, l’emploi de ces longues études ? […] — Celle5 des deux borgnes ne vaut rien ; parce qu’elle ne les console pas, et ne fait que donner une pointe à la gloire de l’auteur. […] La gloire ou le mérite de certains hommes est de bien écrire ; et de quelques autres, c’est de n’écrire point. […] Croirait-on qu’on put, entre une reine incestueuse et un père qui devient parricide, introduire une jeune amoureuse, dédaignant de subjuguer un amant qui ait déjà eu d’autres maîtresses, et mettant sa gloire à triompher de l’austérité d’un homme qui n’a jamais rien aimé ? […] La gloire et la victoire, à la fin d’une tirade, font presque toujours la gloire-eu, la victoire-eu.