Au surplus, ce n’est pas sur ses éloges académiques que se fonde la gloire littéraire de M. de La Harpe ; son véritable titre à la célébrité est dans son Cours de Littérature, monument précieux dans tous les temps, et plus estimable encore par les circonstances où il a paru, mais qui cependant n’est pas totalement exempt de reproches. […] Pourquoi d’ailleurs envier au fécond versificateur qui nous a donné Virgile, la gloire de nous rendre Lucrèce, mais Lucrèce dépouillé de ses vieilles erreurs de physique, et consacrant ses beaux vers à des découvertes importantes, à des vérités de tous les temps ? […] Delille, ne l’ont pas retrouvé davantage dans son Énéide : mais cette riche et brillante paraphrase n’en sera pas moins une portion durable de la gloire de son auteur, et un monument qui honore à la fois et les Muses du Tibre et celles de la Seine. […] Delille, à l’impétuosité de sa verve, et avait donné par conséquent une paraphrase, quelquefois très belle, le plus souvent négligée, faible et prosaïque ; le second s’était piqué de cette correction sage, mais froide, de cette fidélité infidèle, qui compte les vers et presque les mots de l’original, et attache une gloire puérile à n’en pas excéder le nombre.