Ainsi, les mêmes fruits ont dans chaque climat une saveur particulière ; c’est le goût du terroir, dont un habile connaisseur saisit toutes les nuances. […] Voici un passage de Châteaubriand dont la riche harmonie est sensible : « Si tout est silence et repos dans les savanes de l’autre côté du fleuve, tout ici, au contraire, est mouvement et murmure : des coups de bec contre le tronc des chênes ; des froissements d’animaux qui marchent, broutent ou broient les noyaux des fruits ; des bruissements d’ondes, de faibles gémissements, de sourds meuglements, de doux roucoulements, remplissent ces déserts d’une tendre et sauvage harmonie. […] si tu prévois qu’indigne de sa race Il doive de David abandonner la trace ; 2° Qu’il soit comme le fruit en naissant arraché, Ou qu’un souffle ennemi dans sa fleur a séché. […] On se console, parce qu’on emporte quelques fleurs cueillies en passant, qu’on voit se faner entre ses mains du matin au soir, et quelques fruits qu’on perd en les goûtant : enchantement, illusion !