On ne peut peindre avec des couleurs plus fortes les horreurs de la société humaine3 dont notre ignorance et notre faiblesse se promettent tant de consolations. […] J’ai soixante-seize ans, et je sors à peine d’une grande maladie qui a traité fort mal mon corps et mon âme pendant six semaines. […] L’un et l’autre sont fort en désordre ; mais mon cœur est à vous, madame, comme si j’avais vingt-cinq ans, et le tout avec un très-sincère respect. […] C’est, par parenthèse, un fort joli château. […] Nous sommes deux malades qui nous exhortons mutuellement à la patience ; mais la différence entre vous et moi, c’est que vous êtes jeune et aimable ; vous n’avez pas le petit doigt du pied dans l’eau du Styx, et j’y suis jusqu’au menton. » Ce mourant, qui s’obstinait à vivre, écrivait encore à un prince d’Allemagne : « La Providence maltraite fort votre petit vieillard suisse, et m’a fait l’individu le plus rétatiné et le plus souffrant de ce meilleur des mondes.