C’est que sa vie et ses discours se confondent : l’une ajoute aux autres la force des exemples. […] De même qu’on voit un grand fleuve qui retient encore, coulant dans la plaine, cette force violente et impétueuse qu’il avait acquise aux montagnes d’où il tire son origine : ainsi cette vertu céleste qui est contenue dans les écrits de saint Paul, conserve sous la simplicité du style toute la vigueur qu’elle apporte du ciel, d’où elle descend. […] Cette force, cette vigueur, ce sang chaud et bouillant, semblable à un vin fumeux2, ne leur permet rien de rassis ni de modéré. […] C’est donc Votre Majesté qui, par la force invincible avec laquelle elle voudra ce soulagement, fera naître un désir semblable en ceux qu’elle emploie ; en ne se lassant point de chercher et de pénétrer, elle verra sortir ce qui sera utile effectivement. […] « A ménager les forces des peuples. » Corneille, dans le prologue de son Andromède, fait tenir à la France, qu’il personnifie, ce noble langage : À vaincre si longtemps mes forces s’affaiblissent, L’État est florissant, mais les peuples gémissent ; Leurs membres décharnés courbent sous mes hauts faits, Et la gloire du trône accable les sujets.