L’exposition consiste à expliquer le sujet ; c’est l’entrée en scène ; elle doit, dit Cicéron, sortir du sujet comme une fleur de sa tige. […] Dans ces prés jaunissants tu vois la fleur languir ; Tu vois dans ces forêts le cèdre, au front superbe, Sous le poids de ses ans, tomber, ramper sous l’herbe. […] C’est ainsi que Chénier a voulu peindre sa captive : elle lutte contre la pensée de la mort, et se rattache à la vie par tout ce que l’existence a de douceur et de charmes : le soleil, l’espérance, les fleurs, la verdure, la poésie ; elle ne veut pas mourir encore. […] Ici l’existence a des saisons comme le soleil ; la jeune fille ressemble à une fleur qui vient de s’épanouir aux caresses de l’aurore. […] Pourtant l’âme du poète est triste et languissante ; on voit qu’il est découragé : il n’aurait pu dire pour lui-même ce qu’il fait dire à la jeune fille : il ne tient plus à la vie par tous les liens de la jeunesse, par les fleurs, le soleil et l’espoir.