Sur l’orgueil À mademoiselle d’Aubigné 1 Chantilly, 11 mai 1693 Je vous aime trop, ma chère nièce, pour ne pas vous dire tout ce que je crois qui pourra vous être utile, et je manquerais bien à mes obligations si, étant tout occupée des demoiselles de Saint-Cyr, je vous négligeais, vous que je regarde comme ma propre fille. […] Je vous parle comme à une grande fille, parce que vous avez l’esprit fort avancé ; mais je consentirais de bon cœur que vous en eussiez moins, et moins de présomption. […] (Mme de Maintenon, Lettres sur l’éducation des filles.) […] J’ai été jeune et jolie, j’ai goûté des plaisirs : j’ai été aimée partout ; dans un âge un peu plus avance, j’ai passé des années dans le commerce de l’espris ; je suis venue à la faveur, et je vous proteste, ma chère fille, que ces états laissent un vide affreux, une inquiétude, une lassitude, une envie de connaître autre chose, parce qu’en tout cela rien ne satisfait entièrement ; on n’est en repos que lorsqu’on s’est donné à Dieu. » 1. […] Fille unique du frère de madame de Maintenon. — Le texte de cette lettre a été altéré par la plupart des recueils qui l’ont citée jusqu’ici.