/ 303
156. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre V. Ouvrages historiques. »

Les exemples récents de Marius et de Sylla lui firent comprendre qu’il n’était pas impossible de s’élever à la souveraine puissance ; mais, sage jusque dans ses désirs immodérés, il distribua en différents temps l’exécution de ses desseins. […] Malgré la beauté de ces exemples, et beaucoup d’autres que nous pourrions citer, on peut dire que les portraits ne sont vraiment bons que comme résumés ; mais que c’est, en général, à propos des actes, et par eux, que les mœurs et l’esprit des hommes doivent se peindre ; qu’ils frappent alors bien plus le lecteur, et se gravent bien mieux dans sa mémoire que par une description abstraite et philosophique. […] On l’avait soupçonné d’avoir eu une passion pour une femme de sa cour ; soit que cette intrigue fut vraie ou non, il est certain qu’il renonça aux femmes pour jamais, non seulement de peur d’en être gouverné, mais pour donner l’exemple à ses soldats, qu’il voulait contenir dans la discipline la plus rigoureuse ; peut-être encore par la vanité d’être le seul de tous les rois qui domptât un penchant si difficile à surmonter. […] Donnons ici, comme exemple du charme que peut offrir ce genre d’histoire, un court passage tiré de l’Éloge de Marivaux par d’Alembert.

/ 303