Le siècle d’Auguste était trop raffiné pour être épique. » Faut-il s’étonner après cela que Voltaire, philosophe du dix-huitième siècle, esprit léger et incrédule, ait fait une épopée froide et décolorée ? […] Rien n’est plus froid que ces fictions ; elles ne disent rien à l’esprit ni au cœur ; elles rendent l’action épique languissante et détruisent l’intérêt des faits auxquels elles se trouvent mêlées : c’est un des défauts de la Henriade, où l’on voit agir l’Envie, l’Hypocrisie, la Politique, le Fanatisme. […] À ces petits défauts marqués dans sa peinture, L’esprit avec plaisir reconnaît la nature. […] Les grandes images, les figures hardies y sont à leur place ; une harmonie constante doit enchanter l’oreille et l’imagination ; enfin, la simplicité, jointe à la majesté sublime, doit faire de cet ouvrage le chef-d’œuvre de l’esprit humain13. […] Cet artifice n’étant pris au sérieux ni par le poète ni par le lecteur, délasse agréablement l’esprit, et provoque le rire par des contrastes piquants, par des rapprochements inattendus15.