Ne le demandez pas, messieurs : la parole s’est glissée dans l’ombre de la tyrannie ; elle a rencontré çà et là, comme en un champ moissonné, des âmes demeurées pures de leur siècle, et, semant par elles le besoin de la force antique, elle a ranimé le sénat, le peuple, le forum, les dieux éteints, la Majesté tombée, et tous ensemble, ressuscitant en un même jour, ils ont donné aux vivants et aux morts une sainte et dernière apparition de la patrie1. […] Le talent oratoire, qui vit au milieu de la foule et se déploie dans le trouble, réclame ensemble toutes les forces de l’âme. […] Loin de se regarder tous comme ne faisant entre eux qu’une même famille, dont les intérêts doivent être communs, il semble, ô mon Dieu, que dans ce monde corrompu les hommes ne se lient ensemble que pour se tromper mutuellement et se donner le change.