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141. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Si vous consentez à ma demande, je vous dégage du serment par lequel vous vous êtes tant de fois engagés envers votre général ; ou si vous avez honte d’employer la violence contre un suppliant, donnez-moi un glaive, et permettez à celui qui fut votre chef de faire pour vous, sans que la religion du serment l’y oblige, ce que vous aviez juré de faire pour lui. » Comme il n’obtenait rien, il passa des supplications à des transports de colère : « Puisqu’il en est ainsi, s’écria-t-il, que les Dieux vengeurs du parjure s’appesantissent sur vos têtes maudites ! […] La crainte est nécessaire quand l’amour manque ; mais il la faut toujours employer à regret, comme les remèdes les plus violents et les plus dangereux. […] Laissons donc de côté ces deux moyens extrêmes, puisque je ne puis disposer de l’un, et que je ne veux pas employer l’autre, comme étant trop cruel. […] Retirez-vous sans crainte, et dites à mon fils de ne pas employer la violence envers moi, s’il ne peut me persuader. » Après ces paroles, Démétrius et Apollonide sortirent de la chambre. […] Lucilius avait écrit à Sénèque : « J’ai chargé un de mes amis de te remettre mes lettres : cependant ne lui communique pas tout ce qui me regarde ; je n’ai pas l’habitude de le faire moi-même. » Sénèque répond à Lucilius et lui reproche doucement d’employer le nom d’ami comme l’emploie le vulgaire ; il lui déclare que le véritable ami, réellement digne de ce nom, est celui à qui l’on peut confier toutes ses affaires, comme on se les confierait à soi-même. » « Croyez-moi, mon cher Lucilius : si vous regardez comme un ami l’homme en qui vous n’avez pas la même confiance qu’en vous-même, votre erreur est grave, et vous connaissez peu la force de la véritable amitié.

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