Aussi notre reconnaissance n’égalera-t-elle jamais la pureté des émotions nouvelles que nous devons à ces beaux vers, où l’azur du ciel et les hautes cimes se réfléchissent comme dans les eaux d’un lac paisible et transparent. […] Nisard a dit de cette poésie délicieuse : « Elle s’épanche en des vers d’une harmonie que Racine même n’a pas connue : ce charme ne cessera qu’avec la langue française2. » Priére de l’indigent O toi dont l’oreille s’incline Au nid du pauvre passereau, Au brin d’herbe de la colline Qui soupire après un peu d’eau ; Providence qui les console, Toi qui sais de quelle humble main S’échappe la secrète obole Dont le pauvre achète son pain ; Charge-toi, seule, ô Providence, De connaître nos bienfaiteurs, Et de puiser leur récompense Dans les trésors de tes faveurs ! […] Mais voyant au soleil sa fenêtre fermée, Une tristesse vague, une ombre7 de malheur, Comme un frisson sur l’eau courut sur tout mon cœur ; Et, sans donner de cause à ma terreur subite, Je repris mon chemin, et je marchai plus vite8. […] Près du chevet du lit, selon le sacré rite, Un rameau de buis sec trempait dans l’eau bénite ; Ma main avec respect le secoua trois fois, En traçant sur le corps le signe de la croix ; Puis je baisai les pieds et les mains. […] Je chantais, mes amis, comme l’homme respire, Comme l’oiseau gémit, comme le vent soupire, Comme l’eau murmure en coulant.