distinguez avec soin les mœurs des différents âges. […] nos pères étaient trop bons, pour ne pas de dire autre chose : du moins, si nous sommes en état, vous et moi, de distinguer le plaisant du burlesque, et d’apprécier au doigt et à l’oreille la justesse d’un son. […] On sait les premiers bienfaits de la sagesse antique : distinguer le bien public de l’intérêt privé, les choses sacrées des profanes, réprimer la licence effrénée des mœurs, tracer les devoirs de l’hymen, bâtir des villes, graver des lois sur le chêne : telle fut la cause de cette immortalité glorieuse, réservée aux poëtes et à leurs divins travaux. […] Mettez qu’avec cela il ait une table bien servie ; qu’il soit homme à répondre pour un pauvre diable sans argent, à le tirer des mains rapaces de la chicane : et Dieu me pardonne, s’il a le bonheur de distinguer jamais le faux ami de l’ami véritable. […] 774Mais nos ancêtres 775ont loué et les vers 776et les bons-mots de-Plaute, 777l’une et l’autre chose 778trop complaisamment, 779pour ne pas dire sottement : 780pour-peu que vous et moi 781nous sachions distinguer 782un mot grossier d’un mot plaisant, 783 que nous sachions juger 784par les doigts et par l’oreille 785un son légitime (juste).