Aux fêtes de Bacchus, on sacrifiait un bouc à ce dieu ; et pendant ce sacrifice, le peuple et les prêtres chantaient à sa gloire des hymnes, que la victime fit nommer tragédie, c’est-à-dire chant du bouc. Ces chants ne se renfermaient pas seulement dans les temples ; on les promenait dans les bourgades ; on traînait sur un âne un homme travesti en Silène, et on le suivait en chantant et en dansant ; d’autres, barbouillés de lie, se perchaient sur des charrettes, et fredonnaient, le verre à la main, les louanges du dieu des raisins. […] La licence n’épargna pas même les dieux. […] Mais sitôt que des philosophes et des dieux, on eut osé en venir aux magistrats mêmes, ceux-ci trouvèrent que la plaisanterie passait les bornes : ils firent une loi qui défendait de nommer les personnes.