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51. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Les païens, au contraire, ne cessaient de crier contre un culte nouveau, inouï jusqu’alors ; et comme autrefois, dans Rome florissante, on attribuait les débordements du Tibre et les autres effets de la nature à la colère des dieux, de même, dans Rome mourante, on imputait les malheurs à un nouveau culte et au renversement des anciens autels148. […] « Quelle chose peut mieux nous conduire à la connaissance des dieux, disait-il, que l’expérience de nos prospérités passées ? […] C’est pour les dieux de la patrie que nous « demandons la paix ; nous la demandons pour les dieux « indigètes. […] Néanmoins ces hommes, profondément affectés des calamités de leur premier état, et ayant encore sous les yeux les ravages des inondations, les incendies des volcans, les gouffres ouverts par les secousses de la terre, ont conservé un souvenir durable et presque éternel de ces malheurs du monde : l’idée qu’il doit périr par un déluge universel ou par un embrasement général ; le respect pour certaines montagnes, sur lesquelles ils s’étaient sauvés des inondations ; l’horreur pour ces autres montagnes qui lançaient des feux plus terribles que ceux du tonnerre, la vue de ces combats de la terre contre le ciel, fondement de la fable des Titans et des assauts contre les dieux : tous ces sentiments fondés sur la terreur se sont dès lors emparés à jamais du cœur et de l’esprit de l’homme ; à peine est-il encore aujourd’hui rassuré par l’expérience du temps, par le calme qui a succédé à ces siècles d’orage, enfin par la connaissance des effets et des opérations de la nature : connaissance qui n’a pu s’acquérir qu’après l’établissement de quelque grande société dans les terres paisibles.

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