C’étaient autrefois des accidents rares et singuliers ; ce sont aujourd’hui des événements de tous les jours : soit que nos crimes nous attirent ce châtiment ; soit que nos excès, inconnus à nos pères, nous y conduisent ; ce sont aujourd’hui les morts les plus communes et les plus fréquentes. […] Les grands crimes n’ont guère été commis que par de célèbres ignorants. […] Ainsi les hommes sont souvent portés au crime par de fatales rencontres, ou par leur situation ; ainsi leur vertu dépend de leur fortune. […] Croyez-vous que les milliers, les millions d’hommes qui perdront en un instant, par l’explosion terrible ou par ses contre-coups, tout ce qui faisait la consolation de leur vie et peut-être leur unique moyen de la sustenter, vous laisseront paisiblement jouir de votre crime ? […] On dirait qu’on ne peut, sans crime, avoir deux avis dans une des questions les plus délicates et les plus difficiles de l’organisation sociale.