que je crains pour les fils des Grecs les effets de sa colère ! […] Soit, j’en payerai seul les frais, mais seul aussi j’aurai le droit d’y faire inscrire mon nom. » — Il ne craint pas même de leur infliger de rudes leçons, sachant bien que les peuples sont comme les enfants, qui n’obéissent pas volontiers, si un peu de crainte ne se trouve mêlée à l’amour qu’on leur inspire : « — Quand j’ay fidèlement et bien administré la charge que vous m’aviez commise, j’en ai receu de vous oultrage, honte et villannie, et maintenant que j’ay fait semblant de ne veoir point beaucoup de larcins et de pilleries que l’on commet en vos finances, vous me tenez pour homme de bien et bon citoïen ; mais je vous dis et vous déclare que j’ay plus de honte de l’honneur que vous me faittes maintenant que je n’eus de l’amende en laquelle vous me condamnastes l’année passée. » Et ne croyez pas que, pour être la simple expression du bon sens pratique, le langage de ces grands hommes d’État manque de véhémence et de couleur. […] On le voit tourner autour de cette question dangereuse ; il l’effleure de ses allusions timides, c’est le murmure sourd de l’abeille qui, voltigeant autour d’une fleur, semble désirer et craindre de s’y poser. […] Elle revient sur la même, idée, comme si elle craignait de ne pouvoir assez l’exprimer, et chaque fois qu’elle l’exprime, elle le fait en termes si nouveaux qu’on croit l’entendre pour la première fois.