Ainsi, encore que les hommes du monde n’aient pas de liberté véritable, étant presque toujours contraints de céder au vent qui les pousse, toutefois ils s’imaginent jouir d’un certain air de liberté et de paix, en promenant deçà et delà leurs désirs vagues et incertains1 Voilà, si je ne me trompe, une peinture assez naturelle de la vie du monde et de la vie de la cour. […] Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré ; et il me semble que je vois l’accomplissement de cette parole du Prophète1 : « Le roi pleurera, le prince sera désolé, et les mains tomberont au peuple de douleur et d’étonnement. » Mais et les princes et les peuples gémissaient en vain ; en vain Monsieur, en vain le roi même tenait Madame serrée par de si étroits embrassements. […] Voici la belle méditation dont David s’entretenait sur le trône, au milieu de sa cour : Sire, elle est digne de votre audience4. […] il est en mille lieux à la fois : patriarche sous le palmier de Tophel, ministre à la cour de Babylone, prêtre à Memphis, législateur à Sparte, citoyen à Athènes et à Rome, il change de temps et de place à son gré ; il passe avec la rapidité et la majesté des siècles. […] Quand Bossuet prêche devant la cour, sa morale, exemple de complaisance et d’exagération, s’inspire des maximes les plus sévères de l’Évangile, mais non sans tenir compte d’une existence qui n’est pas celle du cloitre : En cherchant à rompre les liens où les mondains s’enveloppent, elle ne confond avec les vanités du monde ni les intérêts sérieux qui ont leur part de ses soucis, ni les obligations véritables qui sont la tâche de chaque jour.