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67. (1854) Éléments de rhétorique française

Ainsi Massillon, dans son discours sur les écueils de la piété des grands, divise son sujet en trois points : « La piété des grands a trois écueils à craindre, qui peuvent changer en vices toutes les vertus : 1° Une piété oisive et renfermée en elle-même, qui les éloigne des soins et des devoirs publics ; 2° Une piété faible, timide, scrupuleuse, qui jette Tin-décision dans leurs entreprises et dans leur conduite ; 3° Une piété crédule et bornée, facile à recevoir l’impression du préjugé, et incapable de revenir quand une fois elle l’a reçue. » Quintilien a blâmé avec raison abus des divisions multipliées, qui deviennent subtiles et minutieuses, ôtent au discours toute sa gravité, le hachent plutôt qu’elles ne le partagent, coupent ce qui doit être réuni, et produisent la confusion et l’obscurité, précisément par le moyen inventé pour les prévenir. […] Pascal, ne pouvant définir l’espace, en donne une idée par cette comparaison : « C’est un cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part. » Montesquieu fait comprendre, par un ingénieux rapprochement, combien le despotisme se nuit à lui-même : « Quand les sauvages de la Louisiane veulent avoir du fruit, ils coupent l’arbre au pied et cueillent le fruit : voilà le despotisme. » De l’allusion. […] La définition la plus exacte du mot précision se tire de son étymologie même : il vient d’un mot latin qui signifie couper, retrancher. […] Au lieu de présenter chaque pensée une seule fois, il la reproduit successivement sous plusieurs formes ; au lieu de résumer, il analyse ; il procède, non par des phrases simples et coupées, mais par des phrases complexes, et parce que nous avons défini sous le titre de périodes. […] Il y a un ton, un accent pour la colère, et cet accent doit être vif, prompt et coupé ; il y en a un autre pour la douleur et la plainte, il est touchant, égal, mêlé de quelques interruptions, accompagné de gémissements ; un autre encore pour la crainte, humble, hésitant, bas et faible ; le ton de la violence est pressant, véhément, menaçant, impétueux ; l’accent du plaisir est doux, tendre, plein d’abandon ; le chagrin qui ne cherche point à inspirer la pitié, prend un ton grava, sombre, uniforme. » (Cicéron, de l’Orateur, liv. 

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