J’ai fait connaître les différentes formes de raisonnement dont on a coutume de faire usage en parlant et en écrivant ; et j’y ai joint des exemples qui font voir comment la rhétorique les développe, les exprime et y répand ses couleurs. […] Sur quelque matière que l’on parle ou que l’on écrive, il est très-avantageux de tremper ses pinceaux dans les couleurs de la vertu : le moyen de persuasion le plus efficace est la vertu de celui qui parle. […] Ainsi, l’orateur doit observer les usages et l’esprit de ses auditeurs, afin de leur présenter l’honneur avec les traits et sous les couleurs les plus propres à les toucher1. […] Quand les esprits ont été ainsi préparés, alors l’orateur, pour toucher l’âme, doit employer toutes les circonstances de la chose, des personnes, des temps, des lieux, selon qu’elles seront capables de faire l’impression qu’il souhaite ; raconter avec feu, décrire avec force et abondance, charger même à propos les couleurs ; tirer d’une action commune, d’une situation vulgaire, une scène touchante, un grand spectacle.