Du ton qui convient à la Tragédie et à la Comédie. — 99. […] Mais, si je n’ai pas le talent d’assortir à chaque genre le rhythme et le ton qui lui conviennent, pourquoi me saluerait-on poëte ? […] La nature, en effet, commence par nous donner le sentiment qui convient à chaque situation : elle nous porte à la joie, ou nous excite à la colère, ou bien elle nous courbe sous le poids du chagrin, et nous déchire le cœur ; ensuite, elle se sert de la parole, pour traduire les mouvements de notre âme. […] Quand on sait ce que l’on doit à sa patrie et à ses amis, à la piété filiale, à l’amour fraternel, à l’hospitalité ; quand on connaît les devoirs du sénateur et du juge, les obligations du général envoyé contre l’ennemi : alors, n’en doutez pas, on sait donner à ses personnages le caractère qui leur convient. […] 865Je m’acquitterai donc 866du rôle d’un queux (pierre à aiguiser), 867qui a le-pouvoir 868de rendre le fer coupant, 869 quoique privé lui-même 870 du pouvoir de couper : 871moi-aussi, quoique n’écrivant rien, 872j’enseignerai l’art d’écrire 873et le devoir d’un écrivain : 874 j’enseignerai à quelles-sources 875les richesses poétiques se puisent ; 876ce qui nourrit 877et forme le poëte ; 878ce qui convient, et ce qui ne convient pas ; 879où l’art conduit, et où l’erreur conduit.