Or, ceulx qui escrivent les vies, d’autant qu’ils s’amusent plus aux conseils qu’aux evenements ; à ce qui part du dedans qu’à ce qui arrive au dehors, ceulx là me sont plus propres : voylà pourquoy, en toutes sortes, c’est mon homme que Plutarque. […] Dieu a voulu en disposer ; consolés vous en luy, en la bienveillance de vostre bon maistre et en vostre prudence et constance, je vous en prie, et de me faire paroistre en ceste occasion si sensible, que vous deferés plus à mon désir et conseil qu’à vostre juste douleur, vous me contenterés grandement. […] Par la grâce divine, par les prieres et les bons conseils de mes serviteurs qui ne font profession des armes, par l’espee de ma brave et généreuse Noblesse (de laquelle je ne distingue point les Princes, pour estre nostre plus beau tiltre, foy de Gentilhomme !) […] Leur maître peut avoir du courage ; mais la timidité de leurs conseils émousse toujours la pointe de son courage ; ils le retiennent toujours et ne le poussent jamais. […] Et après avoir fait essai de ses forces, et reconnu par expérience la vérité de sa foiblesse, il les renvoya tous deux ; et rappelant le premier, se mit entre ses mains ; et suivant son conseil, il demanda à Dieu les forces qu’il confessoit n’avoir pas ; il en reçut miséricorde, et, par son secours, arriva heureusement dans sa maison.