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97. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Il faut des Athéniens pour comprendre l’art mesuré d’un Démosthène ; l’esprit peu subtil des Latins perdrait le fil de ses déductions et s’embrouillerait dans les détours de ses raisonnements. […] Si j’ai réussi à vous tracer nettement le caractère de ces hommes (et notez bien que je ne vous parle pas encore des Romains civilisés par la Grèce, mais des vrais fils de la louve, des purs Latins, de ceux qui préparèrent la conquête du monde par celle de l’Italie), si, dis-je, je vous les ai représentés dans leur primitive rudesse, vous n’aurez pas de peine à comprendre que pour émouvoir ces paysans et ces soldats, il fallait de violentes secousses, et que la parole ne pouvait arriver à leurs âmes qu’en remuant leurs sens et en leur donnant, pour ainsi dire, le frisson de la chair. […] Nous allons lire ensemble ces belles pages, et, si nous sommes assez heureux pour en bien comprendre le sens et la portée, non-seulement nous connaîtrons l’auteur, mais nous saurons de la rhétorique tout ce qu’il nous importe d’en savoir.

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