Il n’y a donc que des charlatans en littérature, et des hérésiarques en matière de goût, qui puissent faire croire à la multitude ignorante que, soit en parlant, soit en écrivant, on a plus de force à proportion qu’on a moins d’art. « La vérité, dit Quintilien, est que l’art ôte en effet quelque chose à la composition ; mais comme la lime au fer qu’elle polit, comme la pierre au ciseau qu’elle aiguise, comme le temps au vin qu’il mûrit ». […] Ce genre de composition offre à l’esprit un délassement agréable, et peut d’ailleurs laisser échapper, par intervalle, les traits d’une morale utile ou d’un sentiment agréable. […] Le troisième et le plus haut degré de la composition oratoire, est celui qui s’empare irrésistiblement de l’auditoire, qui porte la conviction dans les esprits, le trouble et l’agitation dans les âmes, et qui les entraîne au gré de l’orateur ; qui nous fait partager ses passions, ses sentiments, aimer ou haïr avec lui, prendre les résolutions qu’il nous dicte, vouloir ce qu’il veut, et exécuter sans délai ce qu’il a voulu.