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104. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

L’haleine enflammée de cent mille combattants, le souffle épais des chevaux, la vapeur des sueurs et du sang, forment sur le champ de bataille une espèce de météore que traverse de temps on temps la lueur d’un glaive, comme le trait brillant de la foudre dans la livide clarté d’un orage. […] La légion chrétienne ouvre une large brèche dans les rangs des barbares ; la clarté du jour pénètre au fond de cette forteresse vivante. […] J’avais entrevu de nouveau une clarté et j’avais marché vers elle. […] Puis lorsque, avec l’aide de Dieu, Chloclowig le Chevelu, le beau, l’illustre roi des Franks, eut reçu le premier le baptême catholique, tout ce qui dans ce pacte était jugé peu convenable fut amendé avec clarté par les illustres rois Chlodowig, Hildebert et Chlother ; et ainsi fut dressé le décret suivant : « Vive le Christ qui aime les Franks ; qu’il garde leur royaume et remplisse leurs chefs de la lumière de sa grâce ; qu’il protège l’armée ; qu’il leur accorde des signes qui attestent leur foi, les joies de la paix et de la félicité ; que le Seigneur Christ-Jésus dirige dans les voies de la piété les règnes de ceux qui gouvernent : car cette nation est celle qui, brave et forte, secoua de sa tête le dur joug des Romains et qui, après avoir reconnu la sainteté du baptême, orna somptueusement d’or et de pierres précieuses les corps des saints martyrs, que les Romains avaient brûlés par le feu, massacrés, mutilés par le fer, ou fait déchirer par les bêtes. » […] Le docteur Flechter se mit à lire la prière des morts selon le rit anglican, tandis que Marie récitait en latin les psaumes de la pénitence et de la miséricorde et embrassait avec ferveur son crucifix. « Madame, lui dit durement le comte de Kent, il vous sert peu d’avoir en la main cette image du Christ, si vous ne l’avez gravée dans le cœur. — Il est malaisé, lui répondit-elle, de l’avoir en la main sans que le cœur en soit touché, et rien ne sied mieux au chrétien qui va mourir que l’image de son Rédempteur. » Lorsqu’elle eut achevé à genoux les psaumes, elle s’adressa à Dieu en anglais et le supplia de donner la paix au monde, la vraie religion à l’Angleterre, la constance à tous les persécutés, et de lui accorder à elle-même l’assistance de sa grâce et les clartés de l’Esprit-Saint à cette heure suprême.

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