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39. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Boileau, (1636-1711.) » pp. 212-225

Nul, en effet, n’a su renfermer avec plus de netteté et de vigueur sa pensée dans un vers énergiquement frappé : encore ne s’est-il pas contenté de chercher et d’atteindre pour lui le degré suprême de la perfection ; il a enseigné aux habiles à se contenter difficilement pour être plus sûrs de contenter le lecteur. […] Avant lui Juvénal avait dit en latin Qu’on est assis à l’aise aux sermons de Cotin ; L’un et l’autre avant lui s’étaient plaints de la rime, Et c’est aussi sur eux qu’il rejette son crime : Il cherche à se couvrir de ces noms glorieux. […] Si l’on vient à chercher pour quel secret mystère Alidor, à ses frais, bâtit un monastère : « Alidor, dit un fourbe, il est de mes amis, Je l’ai connu laquais, avant qu’il fût commis ; C’est un homme d’honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu’il a pris au monde. » Voilà jouer d’adresse et médire avec art ; Et c’est avec respect enfoncer le poignard1. […] C’est ainsi que Lucile, appuyé de Lélie, Fit justice en son temps des Cotins d’Italie, Et qu’Horace, jetant le sel à pleines mains, Se jouait aux dépens des Pelletiers romains4 C’est elle qui, m’ouvrant le chemin qu’il faut suivre, M’inspira, dès quinze ans, la haine d’un sot livre, Et, sur ce mont fameux où j’osai la chercher, Fortifia mes pas et m’apprit à marcher. […] Moïse, moisir : cette rencontre de mots, cherchée ou non, n’est pas d’un heureux effet.

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