. — Mais, comme dans tout genre de littérature on doit chercher non seulement à être utile, mais encore à plaire, à intéresser et à attacher, il faut s’efforcer de donner aux pensées l’espèce de beauté propre aux objets qu’elles représentent, et au genre dans lequel on écrit. […] La pensée est naïve quand elle cache, sous un air simple et ingénu, une certaine finesse et un certain sel que l’esprit ne paraît point avoir cherchés. […] La pensée délicate cherche à plaire ; elle cause une douce et agréable surprise, et renferme ordinairement un éloge, quoiqu’elle serve aussi à ménager la sensibilité dans les reproches. […] Corneille, dans une de ses pièces (Othon), parlant de trois ministres qui cherchaient à profiter du règne du vieux Galba, termine par une expression d’une incroyable énergie : On les voyait tous trois se hâter sous un maître Qui, chargé d’un long âge, a peu de temps à l’être, Et tous trois à l’envi s’empresser ardemment A qui dévorerait ce règne d’un moment. […] Ce défaut est assez difficile à éviter ; car, comme il est naturel de chercher le grand en toutes choses, on a de la peine à s’arrêter où il faut, comme fait Cicéron qui, au rapport de Quintilien, ne prend jamais un vol trop haut.