/ 218
134. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Il reste néanmoins que, si la grâce et le charme lui manquent, s’il n’a que bien rarement des vers coulants et frais comme ceux-ci que je détache du début du septième jour, fort prisé de Goethe : Ici la pastorelle, à travers une plaine, A l’ombre, d’un bas lent, son gras troupeau remène ; Cheminant elle file, et, à voir sa façon, On diroit qu’elle entonne une douce chanson ; il rencontre souvent le vers fort et sonore ; il dira aussi bien que d’Aubigné en son Jugement dernier, que le Fils de Dieu Descendra glorieux des voûtes étoilées ; il laissera dans toutes les mémoires ce vers fameux : Et l’Enfer est partout où l’Éternel n’est pas ; en ses Sepmaines, œuvre de théologie, d’érudition scientifique, zoologique, géologique et aussi d’imagination, il prendra le premier rang dans la poésie descriptive, témoin le portrait renommé du cheval qu’on trouvera ci-après et qui rappelle quelquefois heureusement celui de Virgile (Géorgiq. […] Chanson Les cieux inexorables Me sont si rigoureux Que les plus misérables Se comparans à moy se trouveroient heureux… Mon lict est de mes larmes Trempé toutes les nuits, Et ne peuvent ses charmes, Lors mesme que je dors, endormir mes ennuis.

/ 218