Un Athénien vantait les arts et la politesse d’Athènes, un Spartiate demandait la préférence pour Lacédémone, un Macédonien mettait la phalange bien au-dessus de la légion, et ne pouvait souffrir que l’on comparât César à Alexandre. « C’est à ma patrie que vous devez Homère », s’écriait un soldat de Smyrne ; et à l’instant même il chantait ou le dénombrement des vaisseaux, ou le combat d’Ajax ou d’Hector ; ainsi les Athéniens, prisonniers à Syracuse, redisaient autrefois les vers d’Euripide, pour se consoler de leur captivité. […] » Ainsi chantaient quarante mille barbares. […] Je répétais ces vers du poète : « L’armée des Grecs belliqueux élève sur le rivage un monument vaste et admiré ; monument que l’on aperçoit de loin en passant sur la mer, et qui attirera les regards des générations présentes et des races futures105. » Les pyramides des rois égyptiens sont pou de chose, comparées à la gloire de cette tombe de gazon que chanta Homère et autour de laquelle courut Alexandre. […] Des prêtres et des religieux qui avaient suivi en grand nombre l’armée d’invasion se réunirent pour prier et chanter des litanies, pendant que les gens de guerre préparaient leurs armes. […] Dans l’autre armée, la nuit se passa d’une manière bien différente ; tout entiers à l’exaltation patriotique et pleins d’une confiance en eux-mêmes que l’événement devait démentir, les Saxons se divertissaient avec grand bruit et chantaient de vieux chants nationaux, en vidant, autour de leurs feux, des cornes remplies de bière et de vin.