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36. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

Tantôt elle peint la cour et la ville, tantôt la solitude et les champs, et toujours avec le même esprit et la même grâce. […] En vain, dans nos champs cultivés, l’imagination cherche à s’étendre ; elle rencontre de toutes parts les habitations des hommes : mais dans ces régions sauvages, l’âme se plait à s’enfoncer dans un océan de forêts, à planer sur le gouffre des cataractes, à méditer au bord des lacs et des fleuves, et, pour ainsi dire, à se trouver seule devant Dieu. » Chateaubriand. […] Si la narration est historique, il faut, avant d’écrire, étudier tous les détails qui s’y rattachent, pour ne pas s’écarter de la vérité ; si la narration est fictive, l’imagination a un libre champ pour inventer, disposer, ordonner à son gré le sujet, mais pourtant sans jamais s’écarter de la vraisemblance : si la narration est mixte, c’est-à-dire si le fond est vrai mais les détails inventés, comme dans le Meunier de Sans-Souci d’Andrieux, ou dans les romans historiques de Walter Scott, il faut se garder d’altérer les faits et les caractères aux dépens de la vérité, afin de ne pas laisser d’erreur grave dans l’esprit du lecteur. […] Pour moi, quand je verrais dans les célestes plaines Les astres, s’écartant de leurs roules certaines, Dans les champs de l’éther l’un par l’autre heurtés, Parcourir au hasard les cieux épouvantés ; Quand j’entendrais gémir et se briser la terre Quand je verrais son globe, errant et solitaire, Flottant loin des soleils, pleurant l’homme détruit, Se perdre dans les champs de l’éternelle nuit ; Et quand, dernier témoin de ces scènes funèbres, Entouré du chaos, de la mort, des ténèbres, Seul, je serais debout ; seul, malgré mon effroi, Être infaillible et bon, j’espérerais en toi ; Et certain du retour de l’éternelle aurore, Sur les mondes détruits, je t’attendrais encore !

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