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81. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Un arc peut atteindre le but comme une carabine : le succès dépend du tireur. […] partons, fuyons vers la terre aimée de la patrie ; car jamais nous ne saurions prendre Ilion aux larges rues. » Ce discours était éloquent, trop éloquent même, car il dépassa le but que l’orateur voulait atteindre. […] Mais comme son but est de les convaincre et non de les abattre, il ranime aussitôt leur courage en leur prouvant que rien n’est perdu encore, qu’un effort vigoureux peut les sauver, que les dieux, toujours aussi prompts à réparer leurs fautes qu’eux à les commettre, leur fournissent une belle occasion de relever la grandeur d’Athènes sur les ruines de leur ennemi. […] Si l’éloquence politique, en effet, n’est, comme nous l’avons dit, que le langage du bon sens parlé devant un peuple, si son but unique est de persuader des choses justes et utiles, qu’a-t-elle besoin des artifices du barreau et de l’attirail du pathétique ? […] Il ne vous montre pas le but auquel il veut vous conduire, il vous y mène par une pente irrésistible et ne vous donne le temps de vous reconnaître que quand vous y êtes arrivé.

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