Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain où l’on n’arrive pas ; Détrompé, vers le soir, chercher une retraite ; Arriver haletant, se coucher, s’endormir : On appelle cela naître, vivre et mourir. […] Dans les Glanes de Mlle Louise Bertin, couronnée par l’Académie, je rencontre ces vers, intitulés la Mort et la Vie : Si la mort est le but, pourquoi donc sur les routes Est-il dans les buissons de si charmantes fleurs ? […] Si la vie est le but, pourquoi donc sur les routes Tant de pierres dans l’herbe et d’épines aux fleurs, Que, pendant le voyage, hélas !