Ici encore il faut que la charité chrétienne inspire à l’auteur satirique la prudence et la discrétion dont il a besoin ; et qu’il ne perde pas de vue ce qu’a dit un poète de la difficulté de cicatriser les blessures faites à l’amour-propre : L’amour-propre offensé ne pardonne jamais. […] Pour atteindre cette naïveté du style, ainsi que celle des pensées, le poète n’a besoin, dans l’apologue, non plus que dans les autres genres, que de la magie de l’enthousiasme, qui lui peint vivement les objets, et lui fournit les couleurs pour les rendre. La Fontaine avait l’un et l’autre : il savait voir ; il savait peindre, et en même temps prêter à ses acteurs toutes les grâces dont ils avaient besoin.