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117. (1875) Poétique

Tous les mots y sont choisis, pesés, employés dans leur sens propre et précis ; souvent une particule a besoin d’y être remarquée, méditée, à cause de ses rapports essentiels au sens : tout y est nerf et substance. […] On peut faire usage de la machine pour ce qui est hors du drame, qui est arrivé avant l’action, et que nul homme ne peut savoir ; ou pour ce qui doit arriver après, et qui a besoin d’être annoncé ou prédit : car c’est la croyance des hommes que les dieux voient tout. […] Les sonores ont par eux-mêmes le son, sans avoir besoin d’articulation, comme α, ω. […] D’où on conclut que l’épopée est la poésie des honnêtes gens, des hommes modérés, qui n’ont pas besoin qu’on accompagne des gestes ce qu’on leur dit ; et que la tragédie est pour ceux qui sont d’un caractère tout opposé : celle-ci est donc moins parfaite que l’épopée.

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