Eschine qui avait un très grand talent et un fort bel organe, ne devait voir qu’avec peine un orateur tel que Démosthène, sans lequel il aurait primé dans sa ville, et par la supériorité de son éloquence, et par son influence dans le ministère public. […] Le héraut s’avançait, et présentant au peuple assemblé les orphelins dont les pères étaient morts à la guerre, et qui étaient tous revêtus d’une armure complète, il faisait cette proclamation, si belle et si capable d’exciter à la vertu : Ces enfants, dont les pères sont morts à la guerre, en combattant avec courage, le peuple les a élevés pendant leur enfance : il les revêt aujourd’hui de cette armure complète, les renvoie, sous d’heureux auspices, à leurs affaires domestiques, et les invite à mériter un jour les premières places. […] Nous ferons, volontiers grâce à nos lecteurs des invectives grossières, des personnalités odieuses que se prodiguent mutuellement les deux orateurs, et qui sont la seule tache de ces belles harangues. […] Hâtons-nous d’arriver à la péroraison du discours d’Eschine : elle est noble et belle, et eût fait honneur au talent de Démosthène lui-même. […] Ce trait lui fait, sans doute, aux yeux de l’homme qui pense, autant d’honneur que les plus beaux morceaux de sa harangue.